mercredi 26 février 2014

Les Camées, merveilles de tous temps, joyaux par excellence.


Sujet Vaste qui sera traité en deux parties, la deuxième partie vous montrera des camées exceptionnels
En hommage a Claude Delhief un grand glypticien français qui est décédé au mois de décembre 2013, un petit film sur lui et son art.

http://www.dailymotion.com/video/xj4w6q_claude-delhief-glypticien_creation


Au début,  environ 3000 ans avant jésus christ  il y eut les Sceaux. En Iran, en Irak en Mésopotamie, notamment à Uruk, Suse, Obeid...

Le Sceau, c'est une attestation, une protection juridique, la" marque" de celui qui veut écrire, une marque d'attestation. 
Encore récemment les envois de lettres étaient cachetées par un sceau, les bijoutiers encore récemment lorsqu'ils envoyaient par la poste des matières, des bijoux ou des pierres précieuses, apposaient un cachet de cire au sigle qu'ils avaient choisi pour que le récipiendaire l identifie immédiatement, il lui suffisait de vérifier les ficelles du paquet pour savoir si le paquet avait été ouvert ou non.


Musée du Louvre
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Il semblerait que les Sumériens soient ceux qui aient créé les sceaux cylindres, 2450 ans avant jésus Christ, ils n'étaient pas tous façonnés avec des pierres fines, ils étaient pour la plupart en terre cuite, en céramique, en pierre tendre, mais ceux qui nous restent sont en Marbre, schiste, serpentine, sardoine, calcédoine, jaspe, onyx lapis Lazuli....

Les sceaux cylindres étaient souvent forés au centre  pour loger une tige métallique pour faciliter le déroulement de l objet, ils se transportaient autour du cou du propriétaire avec une cordelette qui passait au travers de ce forage central

Musée du Louvre

Très vite les Égyptiens se servirent de ces sceaux tel celui ci  qui est un Sceau-cylindre trouvé dans le coffret à sceaux du roi Nebhepet-Rê Montouhotep II. Bronze, argent, electrum.

La glyptique était née, ces sceaux sont des intailles, car ils sont gravés en creux. La Glyptique se développe chez les Égyptiens principalement sous la forme scaraboïde, insecte sacré dont les élytres forment la face extérieure et bombée des pierres, la face plane accueillant des hiéroglyphes ou des représentations de divinités. 

Les Grecs connaissent aussi l'intaille et il faut attendre la période romaine pour voir apparaître le camée.
Il semble que le camée soit né chez les Grecs 2 à 300 ans avant JC.
Le camée est l'une des techniques de la glyptique, elle est utilisée sur des matériaux qui présente des couches de couleurs contrastée, il faut tirer parti de ces couches pour sculpter des formes en utilisant ces strates différentes.

Ainsi , on devra profiter des couches successives dans les agates, ou les sardoines mais aussi dans les coquillages en sculptant la partie blanche supérieure jusqu'à la couche brune .
Étymologiquement les termes "Camahieu" "Gamahut" "Camaeu"n'apparaissent qu'au XIII ème siècle après la mise a sac de Constantinople (Istamboul) le 12-04-1204
Les croisés ayant ramené une grande quantités de ces camées que l'orient considérait comme des joyaux.
L'origine du mot semble venir du grec "Kiemêlion" objet rare et précieux qu'on garde avec soin.
Plus tard Camahieu a donné en français d'une part le Camée et d'autre le Camaïeu

On choisit souvent une pierre pour sa polychromie, mais il existe des camées monochromes en cristal de roche ou en cornaline par exemple.
Un camée peut être en ronde bosse et non en semi relief.


Par exemple ce buste de Constantin  qui est placé au sommet du baton cantoral (les Chantres de l'église)
C'est une calcédoine en ronde bosse


Ce portrait de Constantin en buste  est revêtu du paludamentum et d'une cuirasse dont le décor d'écailles sur la poitrine a été partiellement effacé pour y graver une croix latine, il tient une couronne dans sa main droite, Le camée est du 4 ème siècle La monture est de Hennequin du Vivier au 14 eme siecle. 31 cm de haut
Il se trouvait dans le trésor de Saint Denis a été acquis le 1/5/1791 et se trouve au Département des Monnaies Médailles et Antiques.

Il mérite l'appellation "Camée" car il est fait à partir d'une pierre fine.

De même appelle t on Camées, les Vases, coupes ou gobelets travaillés dans des pierres fines


Ainsi cette aiguière en argent doré, recouverte d'émail d'or avec une multitude de camées de la fin du XVI ème et des copies de camées antiques, tout en haut se trouvent David et Goliath.
Cet ouvrage qui serait vraisemblablement Anversois daterait des années 163 et se trouve actuellement au Kunsthistorisches Muséum de Vienne .


Autre exemple ce très bel ouvrage du III ème siècle avant Jésus Christ (la BNF dit Ier siècle!) Un Canthare (coupe à boire) Bachique, qui est taillé dans un seul bloc de Sardonyx...anses comprises et qui aurait figuré dans la pompe triomphale de Ptolémée II.
Il aurait été acquis par Charlemagne, puis monté en Calice à l époque de son petit fils Charles le Chauve 
Les Reines de France y communiaient le jour de leur couronnement.
La très riche monture gothique a disparu à la suite d'un vol en 1804.


J'ai retrouvé une photo dans un vieux "Connaissance des Arts" de la monture empire réalisée par Delafontaine après ce vol de 1804.

Les pierres les plus recherchées pour fabriquer des camées sont les quartz : cristal de roche, l'améthyste, l 'émeraude, le grenat, l hyacinthe, les béryls, comme l aigue marine, le lapis lazuli, les jaspes toutes les agates.
Il y a tellement de sortes d'agates qu'il serait difficile de les citer, mais


Par exemple l'agate en fortification, nommée ainsi car elle rappelle les fortifications comme celles de Vauban



A gauche une cornaline en fortification et a droite une agate "Mousse" ou celle ci-dessous avec un centre cristallisé et de belles fortifications.


Il y a tellement de variétés d'agates qu'il est impossible de les citer toutes

Propriété de l auteur

C'est sous Louis XV qu'écrivait l'abbé Pluche sur les agates dans sa célèbre encyclopédie "Le Spectacle de la nature, véritable best seller d'histoire naturelle ?

Pourquoi l agate est-elle la meilleure catégorie de pierres pour y tailler des camées?

Voici une coupe de Calcédoine, le glypticien va choisir quelle couche servira à la base du camée, il effectue un sciage et amène la pierre à la forme de la monture que le joaillier désirerait.
La pierre, pour être bien maintenue doit être fixée sur une poignée de bois avec un ciment spécial.
Le travail de gravure va commencer par un tracé correspondant à la forme de la future pierre.
Plusieurs outils seront utilisés suivant le tracé et de temps en temps, avec une plume d'oie on dépose sur l outil avec de l huile , de la poudre de diamant (pilée au préalable dans un petit  mortier)
C'est à l 'aide d'une loupe qu'on juge de la qualité du dessin.
Lorsque la couche supérieure de l'agate est usée, la deuxième couche apparaît, le poli finira le travail et à la fin , on contrôlera la qualité du travail en réalisant une empreinte dans de la cire.





Voici un échantillon de pierre brute qui permettra de façonner des camées cornalines, couche de cornaline et calcédoine blanche, (photo aimablement fournie par lecomptoirdespierresdures.fr  (il faut aller voir)

L'opération demande beaucoup de temps et explique le prix des camées en pierres, et c'est pourquoi de tous temps des coquillages furent utilisés pour produire des camées car plus tendre et donc plus facile à travailler.

Comment reconnaître un camée coquillage d'un camée en pierre dure?


En dehors de l'aspect extérieur, un camée en pierre dure est toujours plat en dessous.

Camée en cornaline


Ce camée d'époque romaine a utilisé la meilleure partie de la pierre, pour obtenir la plus grande surface
Le camée coquillage est en revanche legèrement convexe a cause de l arrondi du coquillage.


Ci dessus un camée coquillage sur la tranche, on voit nettement le coté concave, d'autre part a l inverse du Camée en pierre dure le coquillage est très tendre et vous pouvez le rayer avec l ongle.



Le travail est ainsi grandement facilité. De nos jours,  la technique de sculpture utilisée  permet de tailler les agates au laser et ultrasons.



Beaucoup d'entre vous savent pourquoi! Mais pour ceux qui ne le savent pas...




Un camée coquillage est façonné a partir de l extérieur de la coquille.
Le camée sculpté dans un coquillage qui est généralement choisi parmi les "Cassis Rufa" à base de rouge aux couches roses ou "Cassis de Madagascar à base marron brun aux couches blanches"



On peut voir distinctement sur ce coquillage la couche brune interne du coquillage




Le graveur va donc attaquer d'abord la couche claire du coquillage, pour arriver jusqu'à la couche brune , créant ainsi avec quelques millimètres de profondeur un décor. S'il est vrai qu'on utilise le même outillage, une pointe sèche et un burin ou une échoppe, on va beaucoup plus vite à executer le travail que pour un camée pierre dure.

En bijouterie des différences existent dans le travail pour enchâsser le Camée pierre dure ou le camée coquillage


Dessin N°2 observez l'angle à 75° des bords du camée, cet angle permet de sertir le camée


Sur cette photo (aimablement fournie par Fabian de Montjoye 177 rue Saint Honoré Paris)
on peut voir cet angle.
Dessin N°3 le bijoutier va fabriquer une boite pour permettre le serti du camée pierre dure
Dessin N°4  a gauche on voit le bord avant le serti, puis a droite, le métal a été rabattu  sur le coté du camée et c'est cette pente a 75 ou 80° qui va lui permettre de tenir.

http://www.fabiandemontjoye.com/



Sur cette photographie d'un camée en Jaspe du XVIII° on peut voir le serti rabattu sur le coté.


Dessin N°2 A la différence du camée pierre dure, le coquillage n'est jamais plat, la monture sera différente
Dessin N°3 le bijoutier va faire une boite inverse des camées pierres
Dessin N°4 ensuite il fera avec un fil de section ronde un tour ajusté a l intérieur de l entourage, et N°5 il le courbera a l'empreinte du dessous du camée. 


Enfin en N°6 il va rentrer le camée coquillage à l'intérieur de cette boite, le remonter vers le haut et le caler en dessous avec le fil rond façonné, puis comme le relief est loin d'être "plan", le plus souvent, il faudra rabattre le serti supérieur a la forme du camée coquillage, ce qui n'est pas toujours facile, 


En effet, le bord n'est pas de même largeur partout et quelques fois comme celui de gauche il y a des cassures, en revanche celui de droite a un bord régulier sur tout le tour.
Evidemment, il existe toutes sortes de mise en valeur pour essayer de leur faire ressembler aux camées pierres dures.

Les glypticiens ont utilisé des Nautiles, des Venus (sorte de praires lisses et brillants) des conidaes, des nacres, des chames, des porcelaines, mais aussi des huitres.
Les camées-coquilles n'ont pas autant de  valeur que les véritables camées sur pierre dure.
Les Anciens ne paraissent pas avoir gravé ni sculpté sur coquilles.
Les premiers camées-coquilles datent de la Renaissance, et c'est à Matteo del Nassaro qu'on doit les plus beaux de cette époque,  orfèvre, joaillier, graveur de monnaies, médailles, pierres dures et estampes – originaire de Vérone, Matteo dal Nassaro fut le fils de Jacopo dal Nassaro et l’élève de Galeazzo Mondella et de Niccolò Avanzi. Il travailla d’abord pour Isabelle d’Este, avant d’entrer, en 1515, au service du roi de France qui lui accorda une pension annuelle. Il œuvrait également pour les princes de la cour et installa en 1531 sur la Seine un atelier de polissage des pierres dures, le premier de ce genre en France. je vous recommande le site ci-dessous
http://www.portrait-renaissance.fr/Artistes/matteo_dal_nassaro.html





Ce camée qui se trouve au cabinet des médailles est un camée coquillage époque Renaissance, il mesure 4 cm 60, il représente Bethsabée dans sa baignoire, en haut initiales Barsabée pour Bethsabée, c'est une saisie révolutionnaire de 1796. Cette couleur Bleutée est due a un enduit noiratre  appliqué après gravure sur le dessous

Ce Camée représentant Charles III  tient du même principe de fabrication.


On appelle aussi ce travail "Camée" Il se trouvait dans les collections de Louis XIV, c'est une perle baroque qui représente une tête de femme.
le buste est en cuivre avec des émeraudes et des brillants enchâssés. 

les principales imitations des camées sont réalisés en verre

Je trouve celui ci splendide au point de vue réalisation,l original  a été trouvé à Ephèse, c'est du verre certainement obtenu par moule, il représente Jupiter et le tour est en cuivre: 18 eme ou 19 eme siècle il est à la Bibliotheque nationale a Paris au cabinet des médailles. Ci dessous le texte  de la BNF
Désignation générale :
Jupiter Ægiochus
"empreinte de camée en pâte de verre"
Création / Exécution :
entre 18e siècle et 19e siècle
Matières et techniques :
verre (violet, translucide)
métal doré (monture)
Description :
Empreinte en pâte de verre translucide violette d’un camée en sardonyx à deux couches du IIe siècle av. J.C., représentant le buste de Jupiter Ægiochus, connu sous le nom de "cameo Zulian". Trouvé à Ephèse, il est conservé aujourd'hui au musée archéologique de Venise. Le dieu, barbu, porte une couronne de feuillage et l’égide. Le moulage a été exécuté dans un verre très épais cerclé par un bandeau de cuivre doré (?) muni d'une bélière sur le sommet.

A la suite du Traité de Tolentino du 16 mai 1797, le camée "Zulian", extrêmement célèbre, fut saisi par les troupes napoléoniennes dans la Bibliothèque de Saint Marc à Venise et déposé en 1798 au Cabinet des Médailles, où il resta jusqu'au 5 octobre 1815, date à laquelle il fut restitué au baron d'Ottenfels, chambellan et commissaire de l'empereur d'Autriche. Il est possible qu'un moulage en ait été exécuté avant sa restitution. Le camée figure d'autre part dans un grand nombre de collections de moulages des 18e et 19e siècles.
Mode d'acquisition :
Numéro d'inventaire :
verre.sn.16
Bibliographie :
Furtwängler, A.. Die antiken Gemmen. Leipzig : 1900, pl. LIX,8.

Mais les Romains en ont fabriqués 1 et 2 siecles avant Jesus Christ, 



Ce fragment de Camée a été découvert à Arles au 18 eme siecle, mais il date de la premiere moitié du 1er siecle, fabriqué en italie, il est en verre, c'est un fragment de vase.  Ernest Babelon (d'après la BNF) nous indique que c'est en Syrie, vers l an 50 avant JCque l on situe l'invention du soufflage à la canne, à l origine de la fabrication des verres camées, obtenus par combinaison du moulage et du soufflage.
Une boule de verre en fusion, généralement bleu opaque, est plongée dans un moule recouvert d'une couche de verre encore chaud, blanc opalescent. Les deux parties sont ensuite soufflées ensemble jusqu'à l'obtention de la forme désirée. Une fois refroidie, la couche extérieure, blanche, est minutieusement façonnée au tour,
comme de la pierre, avec un outil en métal à l'extrémité enduite de poudre abrasive. Le décor se dessine alors en relief sur le fond sombre du vase.
Les verres-camées bleu et blanc, typiques de l'art romain, ont été fabriqués dans deux grands centres principaux, à Alexandrie peut-être dès le milieu du IIe siècle avant J.-C., et à Rome pendant le 1er siècle de l'Empire. Ils imitent les camées en sardonyx dont la création revient aux artistes grecs de l'époque hellénistique. La sardonyx, qui est une pierre semi-précieuse appartenant au groupe des agates, offre une polychromie naturelle de tons dégradés, brun foncé, bleuâtre, roussâtre et blanchâtre. C'est dans cette pierre qu'ont été taillés les plus célèbres camées de l'époque hellénistique et de l'Empire romain.


La photographie n'est pas nette mais ce vase est le témoignage le plus ancien des "camées" en pâte de verre, il remonterait au 2 eme siècle avant Jésus Christ, il aurait été créé par un glypticien Grec travaillant pour un atelier royal d'Alexandrie. Pour l'époque, c'était un objet de luxe.


J'ai trouvé , mais en noir et blanc, de meilleures photos dans le catalogue d'une tres intéressante exposition "Vrai ou faux ? : copier, imiter, falsifier." en  1991. Vous pouvez en télécharger le texte en PDF sur le site de la BNF.
Ce Vase des saisons est un" Alabastron" en verre camée qui date de -160 avant JC, il mesure 15 cm de haut sur 3 cm 2 de diamètre.
 Sur un pied plus mince que la panse, en forme de clochette, le vase s’élance vers le haut en se rétrécissant jusqu’aux épaules aplaties d’où sort un mince goulot. Sur la panse, une procession de trois femmes s’avançant à droite. Elles sont drapées de robes légères et flottantes: la première porte un plateau rempli de fruits sur sa main gauche tandis que de sa main droite baissée, elle tient les pattes antérieures d’un chevreau qui grimpe sur elle. La seconde porte devant elle une draperie pleine de fleurs. La troisième a, dans la main gauche, un bouquet de pavots et d’épis. Au-dessus d’elles, une guirlande de fleurs soutenue par trois bucranes; dans la zone inférieure, une suite d’enroulements fleuronnés. il se trouve à la BNF, d'ou provient ce texte.




Sur ce fermoir de bracelet cuivre doré, un camée en verre moulé transparent
Livre d'Evelyne Possémée "Bijouterie Joaillerie" chez Massin.




Rare bague camée antique qui nous soit parvenue, c'est un camée de Tibère Jeune qui date de l'an 20 avant JC environ.
Le Camée est en pâte de verre figurant un portrait de jeune homme, monté en bague en feuille d'or. Il s’agirait peut-être d'un portrait de Tibère jeune,  Deux autres camées de verre ornés de la même effigie sont conservés, à Copenhague et à Genève, montrant qu'il s'agissait d'un personnage important. Le camée a été acquis à Beyrouth. Or en 20 avant J.-C. Tibère fut chargé par Auguste, lors de son séjour en Orient, de ramener Tigrane III sur le trône d'Arménie.


Bel exemple, d'un Camée "trompeur" vendu par la maison Christie's (avec toutes précisions), il est de forme ovale, composée d'une plaque d'onyx ornée d'un profil de femme en verre noir moulé, dans un entourage de boules de corail et d'intervalles de diamants demi-taille, monture en or 14K, 




En revanche ce camée "Négresse" est en onyx sur agate , petits rubis, roses diamants émail travail du XIX eme siecle (cliché de pierre Weber)



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Autre exemple de partie de médaillon en verre, découvert à Rome en italie, produit entre le 1er et le 2 ème siecle, de couleur bleu turquoise, il représente une méduse.
C'est un don du Comte de Caylus au Cabinet des médaille dans les années 1760

Autre Camée en verre  exposé au Petit Palais à Paris Salle 33. Rome et son Empire,Section : Antiquités des mondes grecs et romains



Ce camée date du 1 er siecle après JC sous auguste
La Plaque Dutuit a été exécutée en verre à trois couches superposées et colorées(blanc, bleu, blanc dans une technique proche de celle des camées. Cette technique n'est connue que par une vingtaine d'objets, vases et panneaux, dont le Vase Portland du British Museum est l'exemple le plus illustre.
http://www.britishmuseum.org/explore/highlights/highlight_objects/gr/t/the_portland_vase.aspx

Cette plaque Dutuit,est décorée d'une scène dionysiaque. Dans un paysage champêtre, un jeune satyre, assis sur un rocher, tend une grappe de raisin à Dionysos enfant. Les thèmes dionysiaques jouissent d'une grande faveur dans les arts décoratifs Augustéens.

Plus près de chez nous! La très belle chasse du trésor de Saint Maurice-d'Agaune et de Sion,  abbaye située dans le canton du Valais en Suisse. Au centre un grand Camée


C'est un faux en filage de Verre en 1890. Mr De Mely avait donné une explication de ce travail ou l'artisan a procédé  en fondant diverses couches et parties de ce médaillon


En revanche ce vase de Sardonyx (IIe ou Ier siècle avant J.-C.) se trouve dans le même trésor.
La tradition attribue à l'évêque saint Martin de Tours le don de ce précieux vase de facture gréco-alexandrine. L'orfèvrerie est d'époque carolingienne.

La religion Catholique a repris ces camées antiques et trouvés des thèmes et des glypticiens pour continuer l héritage.
De nombreux "trésors" d'églises catholiques en France possèdent des chefs d 'oeuvres 
Ainsi:
 

C'est à la fois une sculpture (au centre une âme en bois qui est recouverte de plaques d'argent)  et un travail d'orfèvrerie du XIIIeme En dehors des plaques de métal precieux "collées" sur le bois, les couronnes sont décorées de filigranes d'or et de pierres précieuses dont de nombreux camées
Sur la poitrine figure un camée "rapporté" je pense qu'il est plus récent, et date du  19 eme siècle, peut être un don?


La premiere phase de création de ce reliquaire daterait du IX eme siecle, et c'est la deuxième phase de fabrication qui correspond à un enrichissement du reliquaire suite au miracle de l'illuminé à la fin du Xe, début du XIe siècle. C'est lors de cette phase que la robe de la sainte fut somptueusement ornée d'orfrois filigranés et que fut réalisé le trone. Sur la statuette se trouvent des cabochons d'améthystes d'émeraudes, d'opales, d'agates de jades, de saphirs, cornalines, grenats, cristaux de roche dont trente trois camées et trente et une intailles antiques. D'après la Thèse de E garland, il semble qu'en l'an Mil un personnage important offrit les camées et les pierres précieuses, car d'après Garland "
"L’abbé de Conques sollicite du généreux donateur qu’il lui mette à disposition son orfèvre afin de lui confier la transformation de la Majesté de sainte Foy, en particulier pour qu’il réalise les orfrois de la statue."

J'ajoute pour ceux qui ne les connaitraient pas, que le Cathédrale Notre Dame de Paris possède une collection de Camées extra-ordinaires, puisque cette collection représente tous les papes depuis Saint Pierre jusqu'a nos jours. Je l'ai revue il y a un an. C'est une collection qui avait commencé au V eme siècle après JV. Les 258 premiers camées (de Saint Pierre à Pie IX) furent scultés au pied du Vésuve par Torre el Greco, et ils ont été offert à la Cathédrale en 1887. 


Isolons l'un d'eux


Et un autre, Saint Pierre


Tous ces camées sont de grande qualité, mais sont des camées coquillages. La tradition continue par exemple Jean XXIII,


 car pour la venue  en septembre 2008 du pape Benoît XVI, cette collection est complétée par les camées des dix derniers papes, de Léon XIII à Benoît XVI, réalisés par l’orfèvre Goudji et le graveur Pierre Rouge-Pullon, qui sont des maisons connue de ma génération.

Camée dit en  pierre de lave
Dans les années 1800 le thermalisme se développe , les gens riches et les nobles se rendent en cure pour soigner leur santé et leur ennui.
Les Reines, l impératrice Joséphine vont régulièrement à Aix les Bains, Aix la Chapelle ou Plombière et les bijoutiers proposent les bijoux à la mode "Les Camées"
La mode vient d'Italie ou les fouilles archéologiques de Pompéi,et d'Herculanum relance la mode  des camées qui déjà à la Renaissance avait connu une certaine vogue dans les élites.
mais il est  évident qu'au début du XIX eme siècle le néo-classicisme va favoriser cette mode. Caroline Murat, Reine de Naples, soeur de Napoléon se passionne pour les fouilles de Pompei.
Sur ses propres deniers elle constitua un musée en collectionnant les camées et les pierres gravées.Evidemment Rome s'y mit et fabriqua des camées et des intailles
En 1830 pour 80.000 habitants, Rome comptait plus de 80 ateliers de graveurs en pierres dures.Mais à Naples avec la proximité de la Méditerranée, on taillait du Corail, et d'autres part avec le voisinage du Vésuve, de la lave durcie.

Il ne faut pas confondre Il existe des camées aux motifs plutôt grossiers, appelés à tort, pierre de lave, montés sur du « pomponne » en broches ou en bracelets. Ils sont en réalité un calcaire compact à grains fins.


Camée corail rouge XIX eme , le plus répandu,
( Livre Bijouterie Joaillerie d'Evelyne Possémée: ed Massin)


Très beau camée en corail méditérranéen représentant très probablement la transformation de Jupiter en cygne. Entourage en or ciselé. Italie XVIIIème (voir sur site : http://www.proantic.com/)

Le Corail et la lave Durcie sont des matières tendres a travailler , ce qui permettaient aux artisans graveurs de produire des bijoux à moindre prix.

Camée en Pierre de lave 



Bracelet articulé composé de six camées pierre de lave représentant des profils de femme. La monture en or jaune 14 kt (585°/oo) Longueur : 160 mm XIXe siècle.
J'ai eu plusieurs de ces bracelets Napoléon III a réparer et comme ce sont souvent les anneaux d'attaches qui cassent , il fallait dessertir  et quelques fois refaire , sur ce bracelet un camée pierre de lave avait du etre perdu et remplacé par un camée coquillage.

Les bijoux en pierre de lave étaient très prisés des touristes qui venaient à Pompeï. En 1809 Caroline Bonaparte se rend à Paris et offre un jeu d 'échecs en Lave du Vésuve et Corail, fabriqué dans son royaume à Naples.
La lave était facile a sculpter, la matière terminée est moins jolie que la pierre polie car elle est mat, mais les différentes couleurs  comme sur le bracelet ci-dessus qui vont du vert olive, au bruns terre cuite ou ocre sont très agréables.



Plus rarement des camées en Ivoire:



Toutes sortes de matières permettent de fabriquer des camées, ainsi dessous


Un exemple, la noix de corozo qui est l'ivoire végétal, appelé aussi tagua



Le sculpteur de cette noix a sculpté le camée en laissant l'arrière tel quel , ce camée est de la taille d'un gros oeuf, mais il existe de très belles tabatières taillés dans des noix de corozo.
L'armée américaine faisait fabriquer ses boutons d'uniformes en corozo, etc. En 1952, La concurrence du plastique fait tomber la tagua en désuétude.


On employa les os de bovin aussi, ces deux personnages ont été sculptés dans l'atelier des Embriachi en Italie  au moyen age.


Ce pourrait être un camée en amazonite mais c'est un Tessère en Os :
Dans l antiquité c'étaient des jetons qui servaient de billet d'entrée pour les spectacles, mais aussi des pions de jeu de forme ronde. Certains ne portent ni chiffres, ni inscriptions, ni sujets figurés d'aucun genre, et sont des pions de la forme la plus simple. D'autres sont gravés au droit une figure, à l'avers une inscription, un chiffre romain et un chiffre grec, qui servaient à un jeu qui a été en faveur dans tout le monde romain depuis le commencement de l'Empire jusqu'à la fin. C'est le cas de ce Tessère d’os circulaire, dont le motif sculpté en bas-relief est un buste de femme drapé à droite, voilée et couronnée de corymbes. Au revers: XIII - KOPH ... L’os a pris une teinte verte.

Il existe des Camées doublets, à l instar des pierres fines, ces camées doublets sont composés d'une partie en verre moulés sur une base cornaline fine.
Julia de Fontenelle dans son manuel des joailliers indiquait quelques "tours" 



Il y eut même une campagne publicitaire de la compagnie Total qui distribuait en lot une collection de Camée.



Mariette et Babelon, ont étudié les techniques des anciens pour  graver les camées, et en dehors des moteurs électriques, et des outils plus durs et resistants qu'il y a deux mille ans, nos glypticiens actuels ne trouveraient pas de grands changements  dans leur exercice de leur art.
Ainsi sous louis XVI, les graveurs en pierre fines se servaient de forets de "fer mousse", c'est a dire "émoussé" qui n'est ni aigu ni tranchant, il y avait trois types d'outils, 
Jeu de Bouterolles d'orfevre et bijoutier proches de celles des romains


la Bouterolle, outil à tete ronde dont se servent les orfèvres pour emboutir et les graveurs en pierres  fines pour travailler à la poudre d'émeri les camées et les intailles.
Le Trépan: Perçoir, notamment à archet, utilisé autrefois pour percer les matériaux durs. L'extrémité arrondie de ces deux outils perçait droit, formant des cavités hémisphériques plus ou moins larges et profondes.

Archet Egypte antique avec son forêt

Pour mieux comprendre comment se servir de cet outil et comprendre le mouvement de l archet, photo ci dessous



Encore un site a visiter  celui de Christophe Picod sur le tournage sur bois, il a accepté que je lui emprunte cette photo 


La Molette ou la scie(appelée Terebra) une sorte de bouton à bords dentelés qui tournant comme une roue trace des lignes.
Puis la "Charnière" , une espèce de ciseau courbe,dont les plus anciens dictionnaires le décrivent comme un "outil dont se servent ceux qui gravent sur des pierres dures"
Dans l antiquité le moyen de faire tourner ces outils était l'Archet, puis après la renaissance un tour à Pédale.

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Le but était d'agir comme un villebrequin, ces outils étaients constamment inbibés de poudre de diamant ou d'émeri détrempée dans de l huile d'olive.
L'émeri, roche métamorphique essentiellement constituée de corindon,de spinelle, associé à de la magnétite, ou de l hématite.
Les saphirs et les rubis sont des corindons!
Aussi bien les Chaldéens (4000 ans avant Jesus Christ) que les Romains (300 ans après JC) se servaient des mêmes outils.


Sur cet outil plus récent , d'origine anglaise, au centre une gorge pour passer la corde de l'archet qui va servir à le faire tourner.
Photographie aimablement prêtée par Mr Lagathu qui a construit un site sur l'outillage ancien , je vous invite à le visiter

Pline nous enseigne qu'il faut se servir du diamant pour attaquer les pierres fines, il précise que Adamas, la pierre indomptable doit etre arroser avec du sang de bouc encore tiède.
D'après pline la poussiere de diamant étaient incrustée dans des tiges en fer  pour creuser les gemmes les plus dures.
De nos jours, nous n'avons rien inventé, juste perfectionner en créant des "forets diamantés"
Les anciens ayant des difficultés a s'approvisionner en poudre de diamantsl se servaient d'émeri pulvérisé.
Ainsi Natter et Mariette, graveurs très connus dans les années 1750, enseignent la maniere de graver les pierres  telle que Mariette l'a vue pratiquer par Jacques Guay et Mariette a représenté Jacques Guay  a son établi, celui qui fut le Maitre et le protégé de Madame de Pompadour


Jacques Guay, commençait par modeler en cire sur une plaque d'ardoise son sujet, puis il choisi la pierre fine qu'un lapidaire a dégrossi , taillée et polie par un lapidaire.
Comme vous le voyez sur la gravure ci-dessus, son tour est l ancêtre de la machine a coudre de nos grands mères du moins pour la pédale! La roue est munie d'une courroie reliée a une autre roue plus petite qui actionne le Touret. 

Le Touret est sur la table de travail.
Sous louis XV, les instruments sont en fer doux, ou en cuivre jaune, ce sont des scies, des bouterolles, des charnières de tout calibre pour fixer des outils allant de la tête d'épingle a la grosseur d'un pois.
Quand le glypticien a dessiné sur la pierre, il prend celle ci de la main gauche pour la manier avec plus de facilité, elle est montée sur un petit bout de bois ou elle est cimentée avec du mastic, de la même maniere que nos lapidaires actuels . 


Il presente cette pierre sur l outil et l arrose constamment d'huile d'olive.
Au début il degrossit et petit a petit va changer d'outils pour tailler avec plus de ménagements.
Details des outils qui se trouvent sur la planche ci dessus 
1. Boîte plate servant à contenir couchés des outils à graver de différentes formes.
2. Boîte de fer blanc fermée d'une peau percée de plusieurs trous pour recevoir les bouteroles et d'autres outils semblables, et les tenir debout dans une situation où ils soient commodes à prendre.
3. Petite bouteille remplie d'huile d'olive.
4. Petit vase plat propre à mettre la poudre de diamant détrempée dans l'huile; la spatule avec la - quelle on la prend, est posée dessus.
5. Outil appelé charnière, propre à faire des trous, ou à enlever de grandes parties.
6. Boîte à tenir la cire molle pour faire des empreintes.
7. Brosse à longs poils pour nettoyer l'ouvrage.
8. Brosse à poils courts, renfermée dans une petite boîte de fer blanc, & destinée pour donner le po - liment à l'ouvrage.
9. Pierre montée dans du ciment de mastic sur une petite poignée de bois.
10. Support propre à tourner les outils sur le touret; il consiste en une tringle de fer poli quarré, dont une des extrémités est coudée, pour lui servir de piéd ou point d'appui, lorsque l'autre extrémité est logée dans l'ouverture.
11. Ebauchoir de cuivre, d'étain ou de bois, pour ter - miner la gravure, & y mettre le poliment.
12. Spatule de fer, dont l'artiste se sert pour prendre de l'huile imbibée avec de la poudre de diamant, & en arroser la gravure.
13. Petit godet monté sur un pied, dans lequel se conserve la poudre de diamant.
14. Pointe ou éclat de diamant, serti au bout d'une tige de fer.
15. Un des outils avec lequel on grave dessiné en grand.
16. Bouterole de divers calibres.
17. Scie à tête plate & tranchante.
18. Autre scie plus épaisse & pareillement tranchante.
19. Outil plat.
20. Outil demi - rond à tête ronde.
21. Outil demi - rond à tête plate.
22. Outils à pointe mousse. [p. 5:] 


Si la pierre est tendre il se servira d'un touret de plomb, d'étain ou d'un polissoir.
Lorsque la gravure est achevée, il faut la polir, cela se fera  en frottant avec une brosse enduite de tripoli.
Toutes ces opérations sont longues et Natter écrira que la glyptique est "l'art le plus pénible et le plus rebutant de tous" car il fallait à cette époque, des années de travail, parfois vingt années sur certains travaux.
Les esclaves qui ont gravé l'apothéose d'auguste ou la coupe des Ptolémées ont montré des exemples de patience surhumaine.


 Un exemple le camée "l'apothéose de Napoléon premier" , par Adolphe David a demandé 13 années de travail, de 1861 à 1874.Ce camée se trouve au Musée d'Orsay



Un commentaire, une information, écrivez moi : richardjeanjacques@wanadoo.fr




samedi 8 février 2014

Boucheron: le Joaillier de Marcel Proust dans à la Recherche du temps perdu:



copyright: Jean Jacques Richard

Quelle note aurais-je au questionnaire de Marcel Proust?
C'est pourquoi je me garderais de commenter son oeuvre, mais notre écrivain appréciait notre grand Joaillier Boucheron au point de le citer six fois dans son livre "Le coté de Guermante
s"




Marcel Proust, cliquer pour agrandir toutes les photographies
Refermer avec la croix a droite en haut de l'écran

Boucheron le Joaillier de sa famille l'inspira au plus haut point. Cela prouve le succès de Boucheron dans les années 1900.





C'est une rare photo de Frederic Boucheron, elle m'a très gentiment été prêtée par les descendants de Radius , l associé de Frederic Boucheron, elle fait partie de la "collection Radius et Margelidon"

Si cette photo est très classique, la suivante prise plus tard  Frédéric est costumé , surprenant!!! Mr Margelidon a joint un petit texte
"Ces deux photos sont issues d’un album en ma possession provenant de mon arrière-grand-père Georges Radius, neveu et collaborateur associé de Frédéric Boucheron."



Frederic Boucheron ouvre sa première boutique en 1858 dans la Galerie de Valois, au Palais Royal, à cette époque le lieu a la mode pour le luxe. Quelques années plus tard, il ouvre un atelier. En 1865, il s'adjoint son neveu Georges Radius, qui restera dans la maison jusqu'en 1919.En 1893, Frédéric Boucheron s’installe au 26 place Vendôme dans la résidence de la Comtesse de Castiglione

Frederic Boucheron a donc connu Virginia Elisabetta Luisa Carlotta Antonietta Teresa Maria Oldoïni, Comtesse de Castiglione .




C'était une célèbre espionne, aristocrate piémontaise, maîtresse de Napoléon III, l'une des plus belle femme du siècle.
Elle aime être photographiée, elle aime son image, l'effet qu'elle produit sur les hommes et l Empereur, mais après 1880 elle souffre de neurasthénie et de misanthropie car elle ne peut se voir vieillir, elle se terre, voile ses miroirs. et ne sort qu'a la nuit tombée de son appartement au 26 place Vendôme qu'elle quittera en 1893 ou 1894 pour aller rue Cambon, en effet la Castiglione était locataire du nouvel acquéreur Frederic Boucheron et celui ci voulait agrandir son magasin dans les étages. elle décéda en 1899.
Il y a toujours à l'étage chez Boucheron ce bureau dont les murs sont laqués




Cliquer pour agrandir copyright: Jean jacques Richard

Imaginons dans ce fauteuil notre grand écrivain Marcel Proust désirant choisir avec sa mère un collier. Proust était très attaché a sa mère. Une relation si exclusive et absolue que Marcel lui écrivit : « J’aime mieux avoir des crises d’asthme et te plaire que te déplaire et ne pas en avoir. »





Cliquer pour agrandir copyright: Jean jacques Richard

Frederic Boucheron meurt à 71 ans couvert de gloire pour la qualité de sa vie. 
Le portrait de Frédéric est toujours placé dans cette pièce du premier étage place Vendôme, mon auriculaire m'a dit que ce portrait avait été réalisé après sa mort.  Ces photos du magasin ont été  réalisées par moi.


Cliquer pour agrandir copyright: Jean jacques Richard

Ce sont les anciennes plaques de marbre qui se trouvaient sur les murs extérieurs du magasin, elle sont conservées au chaud au premier étage.
Mais si vous vous retournez!!!

Cliquer pour agrandir copyright: Jean jacques Richard

Vous avez cette vue plongeante sur le magasin.




C'est son fils Louis Boucheron, qui lui succède en 1902 et qui continue magistralement l'oeuvre du père, c'est donc lui qui a connu Marcel Proust.

Marcel Proust écrit un roman en sept tomes, "A la recherche du temps perdu" qui sera publié entre 1913 et 1927, trois volumes du roman étant parus après sa mort, c'est une réflexion sur la littérature, la mémoire et le temps.
Le premier volume : Du coté de chez Swann, puis à l ombre des jeunes filles en fleurs, le Coté de Guermantes 1 et 2, Sodome et Gomorrhe 1 et 2 , la Prisonnière, Albertine disparue, le temps retrouvé.
C'est le "Coté de Guermantes" qui nous intéresse vous trouverez en fin d'article le résumé de ce livre par Wiki.



C'est le magasin "Boucheron" que Proust a dépeint dans son livre



Cliquer pour agrandir toutes les images

Voici l'intérieur du magasin que connurent Marcel Proust et ses parents, cette très belle balustrade en bois tourné du premier étage a disparue, remplacée par une balustrade en vitres et armature alu-bronze(je crois), personnellement je le regrette, mais....
Mais qu'écrit ce "narrateur-Proust" au sujet de "Boucheron"


"Je lui ferai aujourd'hui si elle est gentille, me dit-il, un cadeau qui lui fera plaisir. C'est un collier qu'elle a vu chez Boucheron. C'est un peu cher pour moi en ce moment trente mille francs. Mais ce pauvre loup, elle n'a pas tant de plaisir dans la vie. Elle va être joliment contente.
Elle m'en avait parlé et elle m'avait dit qu'elle connaissait quelqu'un qui le lui donnerait peut-être. Je ne crois pas que ce soit vrai, mais je me suis à tout hasard entendu avec Boucheron qui est le fournisseur de ma famille, pour qu'il me le réserve."


 

Montre en Jadéite, diamants, réalisée en collier
par Boucheron avant 1920 



Ecoute, tu sais, je t'ai promis le collier si tu étais gentille, mais du moment que tu me traites comme cela...
— Ah ! voilà une chose qui ne m'étonne pas de toi. Tu m'avais fait une promesse, j'aurais bien dû penser que tu ne la tiendrais pas. Tu veux faire sonner que tu as de l'argent, mais je ne suis pas intéressée comme toi. Je m'en fous de ton collier. J'ai quelqu'un qui me le donnera.
— Personne d'autre ne pourra te le donner, car je l'ai retenu chez Boucheron et j'ai sa parole qu'il ne le vendra qu'à moi"




Boucheron , collier émeraude, onyx diamants
perles fine, Boucheron circa 1920 vendu par Christie's 


C'est bien cela, tu as voulu me faire chanter, tu as pris toutes tes précautions d'avance. C'est bien ce qu'on dit Marsantes, Mater Semita; ça sent la race, répondit Rachel répétant une étymologie qui reposait sur un grossier contresens car Semita signifie sente et non Sémite,mais que les nationalistes appliquaient à Saint-Loup à cause des opinions dreyfusardes qu'il devait pourtant à l'actrice. Elle était moins bien venue que personne à traiter de Juive Mme de Marsantes à qui les  ethnographes de la société ne pouvaient arriver à trouver de Juif que sa parenté avec les Lévy-Mirepoix. Mais tout n'est pas fini, sois-en sûr. Une parole donnée dans ces conditions n'a aucune valeur. Tu as agi par traîtrise avec moi. Boucheron le saura et on lui en donnera le double de son collier. Tu auras bientôt de mes nouvelles, sois tranquille. Robert avait cent fois raison."


 
Autre collier de Boucheron
des années 20(Christie's 

je crois que j'ai eu tort dans cette affaire du collier, me dit Robert, Bien sûr je ne l'avais pas fait dans une mauvaise intention, mais je sais bien que les autres ne se mettent pas au même point de vue que nous mêmes.
Elle a eu une enfance très dure. Pour elle je suis tout de même le riche qui croit qu'on arrive à tout par son argent, et contre lequel le pauvre ne peut pas lutter, qu'il s'agisse d'influencer Boucheron ou de gagner un procès devant un tribunal. Sans doute elle a été bien cruelle, moi qui n'ai jamais cherché que son bien Mais je me rends bien compte, elle croit que j'ai voulu lui faire sentir qu' on pouvait la tenir par l'argent et ce n'est pas vrai. Elle qui m'aime tant, que doit elle se dire! Pauvre chérie, si tu savais elle a de telles délicatesses, je ne peux pas te dire, elle a souvent fait pour moi des choses adorables. Ce qu'elle doit être malheureuse en ce moment! En tout cas. Quoiqu'il arrive je ne veux pas qu'elle me prenne pour un mufle, je cours chez Boucheron chercher le collier.



Collier de Boucheron, Année 1910 Christie's

Pourquoi ce rapport avec la Judéité, La mère de Proust, née Jeanne Clémence Weil, est la fille d'un agent de change d'origine juive Alsacienne et Lorraine. Son père, le Dr Adrien Proust est professeur à la faculté de médecine de Paris , il est un grand hygiéniste, conseiller du gouvernement pour la lutte contre les épidémies.

Il fut un soutien de Dreyfus, quoique certains auteurs trouvent que par opportunisme il se réveilla un peu tard, mais ce n'est plus de la bijouterie



Marcel Proust aurait pu voir ce collier de Mrs Ronald Greville commandé par elle à Louis Boucheron en 1907 et livré en avril 1908.




Cette Jeune et jolie femme, héritière multimillionnaire, va léguer tous ses bijoux à la Reine d'Angleterre, Queen Mary, qui offrira en cadeau de mariage, ce collier de Boucheron à sa fille Elisabeth II.


Autre Collier Boucheron, qu'aurait pu connaître Marcel Proust 

Résumé du volume "Du Coté de Guermantès"

Dans cette première partie de l'œuvre, le narrateur et sa famille déménagent dans l’hôtel des Guermantes. Le narrateur se rend alors au théâtre afin de voir, pour la seconde fois de sa vie, La Berma dans le rôle de Phèdre mais cette nouvelle occasion d'entendre une artiste qui lui avait « causé tant d'agitation » ne le tente plus. Il se met à regarder la princesse de Saxe qui se trouve en compagnie de Mme de Guermantes. Se sentant favorisé par un sourire qui lui est alors discrètement adressé, le narrateur ressent le désir impérieux de revoir Mme de Guermantes, et s'arrange pour la voir tous les jours en imitant ses promenades matinales. Mais fatiguée de devoir quotidiennement saluer cet importun, Mme de Guermantes le prend en horreur, ce qui attriste le narrateur, incapable de rompre sa perverse habitude, qu'il sait pourtant pernicieuse pour tous deux. Le voyage du narrateur à Doncières est une occasion pour lui de revoir Saint loup ; c’est aussi à ce moment que l affaire Dreyfus est abordée pour la première fois. Et lorsqu’il rentre à Paris, les choses ont changé : sa grand-mère est malade, l’hiver touche à sa fin et Mme de Guermantes est encore plus inaccessible. Saint-Loup revient alors à Paris et invite le narrateur à rencontrer sa maîtresse qui est finalement « Rachel quand du Seigneur », une cocotte que le narrateur avait fréquentée dans sa jeunesse. Il ne dit cependant rien à Saint-Loup tandis qu’ils arrivent dans un restaurant où une dispute éclate entre Rachel et Saint-Loup, le jeune homme ne supportant pas que sa maîtresse jette des regards sur d’autres hommes. Une dispute plus grave éclate entre les deux amants un peu plus tard dans les coulisses d’un théâtre, et Saint-Loup, irrité, gifle un journaliste parce que la fumée de la cigarette de ce dernier importune le narrateur. Le narrateur se rend au salon deMadame de Villeparisis, et croise successivement, Bloch, Mme de Guermantes, Legrandin, M de Norpois, M. de Guermantes, Mme de Cambremer, M. d’Argencourt, Saint-Loup, la mère de celui-ci, Mme Swann, et le Baron de Charlus Saint-Loup éprouve des remords d'avoir refusé un collier de Boucheron à sa maîtresse ; il quitte alors la réunion au regret de sa mère. À la sortie de cette réunion, le baron de Charlus accompagne le narrateur et lui propose de diriger sa vie, mais en tenant ensuite des propos antisémites sur la famille de Bloch. Après avoir demandé au narrateur de lui faire rapidement part de ses intentions, il fait un étrange choix de fiacre, après en avoir refusé plusieurs. De retour chez lui, le narrateur découvre que la maladie de sa grand-mère s’est aggravée. On appelle alors Cottard à son chevet, mais on lui préfère finalement le docteur Boulbon qui prétend que la maladie est simplement nerveuse. Le narrateur reçoit alors une lettre de Saint-Loup qui l’accuse de perfidie en raison de sa conduite lors de la réception de Mme de Villeparisis. Le narrateur se rend ensuite aux Champs-Élysées avec sa grand-mère, mais celle-ci est alors victime d’une attaque.
Des commentaires, richard.jeanjacques@gmail.com

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